Taedium Vitae

Taedium Vitae

samedi 28 février 2015

Dreams are real while they last, can we say more of life?

 

«Le concept de rêve comme troisième état du cerveau n'est qu'un nouvel avatar d'un concept millénaire- celui des Upanishad de la mythologie hindoue - pour qui le cerveau humain subit l'alternance de l'éveil, du sommeil sans rêve, et du sommeil avec rêve.»

Michel Jouvet dans Le sommeil et le rêve

«Le caractère essentiel du sommeil n'est pas le repos, mais "l'autarcie", le repli sur soi, le refus de toute communication avec ce qui n'est pas soi ou ne vient pas de l'intérieur de soi. (...)
Ce qu'il y a de plus irréductible dans l'individu, de plus ''intime'', n'est pas ce qui se passe dans le secret de sa conscience, mais ce qui se passe dans son sommeil.»

Maurice Pergnier dans Le sommeil et les signes

«Mais il suffisait que, dans mon lit même, mon sommeil fût ''profond'' et détendît entièrement mon esprit; alors celui-ci lâchait le plan du lieu où je m'étais endormi et, quand je m'éveillais au milieu de la nuit, comme j'ignorais où je me trouvais, je ne savais même pas au premier instant ''qui j'étais'', j'avais seulement dans sa ''simplicité première'' le sentiment de l'existence comme il peut frémir au fond d'un animal; j'étais plus ''dénué'' que l'homme des cavernes; mais alors le souvenir - non encore du lieu où j'étais, mais de quelques-uns de ceux que j'avais habités et où j'aurais pu être- venait à moi comme un secours d'en haut pour me tirer du ''néant'' d'où je n'aurais pu ''sortir'' tout seul; je passais en une seconde par-dessus des siècles de civilisation, et l'image confusément entrevue de lampes à pétroles, puis de chemises à cl rabattu, recomposaient peu à peu ''les traits originaux de mon moi''.»

Marcel Proust dans Du côté de chez Swann


 

vendredi 27 février 2015

 

«Depuis ce moment, j'eus toujours dans l'esprit cette pensée : le monde, n'est-ce pas un individu?»

jeudi 26 février 2015

Le Bon et la sainte science



Connu entre autres pour son célèbre ouvrage Psychologie de la foule, Gustave Le Bon est un sociologue français du XIXe siècle qui fut au cœur d'une époque où se forment deux notions devenant presque des névroses sociales : la race biologique et la foi en la science. Deux idées dont il voyait déjà les dangers et les répercussions. Bien que la science de son époque n'ait plus rien à voir avec celle d'aujourd'hui, il n'en reste pas moins qu'il notait ici son issue métaphysiquement stérilisante et en dénonçait les attentes démesurées, pour ne pas dire crédules :

«Chacun peut l'espérer sans doute ; mais rien jusqu'ici n'a justifié de telles espérances. Les sciences les plus positives ne nous ont rien dit encore de la raison première d'un seul phénomène. Ce n'est que la simplicité des relations qu'elles découvrent qui fait leur force apparente. Aussitôt qu'elles s'attaquent à des phénomènes un peu complexes, elles se perdent dans les conjectures. Les sciences modernes commencent à peine à balbutier une réponse aux questions que l'homme se pose chaque jour. Du berceau à la tombe, la nature a semé notre chemin d'insolubles problèmes. Les curiosités qu'elle nous met au cœur, elle ne les assouvit jamais. La science évoque des idées, bien plus qu'elle ne résout des problèmes ; et notre globe aura sans doute rejoint dans l'espace les vieux mondes refroidis, avant que le sphinx éternel ait répondu à un seul pourquoi.»


Gustave Le Bon dans La civilisation des Arabes


mercredi 25 février 2015

Encre de Chine

 
 
Il y a parfois des échos qui, par hasard ou par destin, peu importe, retombent jusque dans nos mains, gardant pour eux le mystère de leur provenance. Des écrivains obscurs dont on ignore tout, mais où l'on devine les traits et l'idiosyncrasie. C'est le cas de ce tout petit livre d'aphorismes, Vu par la petite fenêtre , de cet écrivain chinois du XVIIe siècle nommé Wu Congxian. En lisant, on imagine le sage être seul et chiquer ses déceptions, se retirer de la foule et regarder par sa petite fenêtre qui représente le lien de sa conscience contemplative avec l'extérieur, ce qui n'est pas superflu lorsqu'on veut écrire sincèrement. 
 
 
«Il n'y a pas grand-chose à dire aux autres, les poissons savent d'eux-mêmes si l'eau est froide ou chaude. Nous avons bien des sujets de mécontentement, mais la nature se moque de savoir si les fleurs s'ouvrent ou tombent.»
 
«Un caractère solitaire se lie difficilement, mais si cela se produit, il est d'une fidélité à toute épreuve. Un caractère jovial se fait aisément des amis, mais il s'en lasse aussi vite qu'il s'en entiche. Aussi l'honnête homme préfère-t-il être indépendant et dur envers lui-même plutôt que domestiqué comme un poisson ou un oiseau.»
 
« Devant l'ineffable beauté d'un paysage, on ne peut que soupirer. Devant l'inexorable inconstance des gens, il ne reste qu'à pleurer.»
 
 

Quand la sagesse grecque commenca avec la clairvoyance

 
 
(...) qu'on lui [Thalès de Milet] demanda un jour pourquoi il ne cherchait pas à avoir d'enfants, et qu'il répondit : «par amour pour les enfants.»

 
- Diogène Laërce dans Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres

La pomme de Lorenz

 
C'est à cause de son titre L'agression : une histoire naturelle du mal que j'avais acheté dans une librairie d'occasion ce livre de Konrad Lorenz qui m'avait beaucoup plu. Chef de file de ce que l'on nomme aujourd'hui l'éthologie, Lorenz nous plonge avec talent et limpidité dans l'univers de l'instinct d'agression chez les animaux, tout en regardant du coin de l'œil l'une des espèces qui, selon ses dires, a manqué son coup. Si le savant nous réconcilie avec la notion d'agressivité chez le vivant, il nous rend mal à l'aise en tant qu'homme d'avoir abusé d'une si remarquable vertu originelle.
 
 
«Il y a une profonde vérité dans la parabole de l'arbre de la connaissance et de ses fruits, notamment si je lui ajoute quelque chose pour qu'elle s'accorde bien avec mon idée d'Adam. Cette pomme n'était pas du tout mûre!» 

Création ex nihilo ou presque

J'ai, par éclair, décidé de tenir un blog. L'entreprise m'est des plus indifférentes et je verrai si, avec le renvoi de cet éclair, je poursuis ou non cette séance de journal intime des temps modernes. Tentons néanmoins d'y mettre certaines choses dignes d'intérêts pour les désabusés de la toile qui y trouveraient refuge.